Match numérique contre numérique

CD audio contre SACD stéréo

Le Super Audio CD, SACD, est censé représenter le nouveau standard haute qualité du son numérique. Est-il aussi bon que ses auteurs l'affirment? N'est-ce pas là un simple argument commercial pour relancer un marché stagnant? Est-ce qu'un mélomane peut entendre la différence entre un CD audio et un SACD et si oui, en retirer plus de plaisir musical?
Moi aussi, je me suis posé ces questions. J'ai donc fais ce petit match, pour moi et pour vous, Internaute mélomane et curieux.

1°) Les protagonistes:

Matériel choisi pour défendre le CD audio: La lecture de Cd audio est faite en stéréo avec le lecteur de CD audio de fabrication personnelle, décrit sur ce site [cliquez ici] >>> 20 ans séparent les 2 technologies comparées ici il m'a donc semblé normal de mettre en présence un lecteur CD haut de gamme au plan musical et pas cher (mais hélas hors commerce) et un lecteur CD SACD réputé excellent, grand public, disponible et lui aussi peu onéreux.

Matériel choisi pour défendre le SACD stéréo: La lecture est faite en mode SACD stéréo (et non en multicanal) avec le lecteur DVD de toute dernière génération multiformats de Philips, le DVP5500S, appareil qui a fait l'objet d'une écoute critique comparée très élogieuse dans le magazine Diapason d'Août 2005 article reproduit ci-contre en partie cliquez

Le matériel d'écoute commun aux deux sources numériques est constitué de l'ampli Mosfet décrit sur ces pages [cliquez ici] en branchement direct sans aucun préampli et d'un casque électrostatique Stax SRLambda alimenté par des transfos Stax SRD7 recâblés en Cu LFOFC à longues molécules. La comparaison ne s'est pas faite sur les enceintes acoustiques. Les disques SACD hybrides écoutés sont uniquement de musique classique : - Isabel I, Reina de Castilla - La Capella Reial de Catalunya, Hesperion XXI, dir. Jordi Savall, Prise son et numérisation par Nicolas Bartholomée- (Aliavox AVSA 9838) Un disque superbe, haut en couleurs, riche en timbres, rythmes et airs du 15è siècle à la cour de la reine de Castille. - Symphonie N°9 "Du nouveau monde" de A.Dvorak, dans sa propre transcription pour piano à 4 mains, par le Duo de Prague, Zdenka & Martin HRSEL (Praga digital PRD/DSD 250 189) enregistré en 2003 à Prague, salle Martinu (ing. du son: Vaclav Roubal et Karel Soukenik) - Symphonie N°5 d'A.Bruckner. par le Philharmonique de Vienne, dir Nikolaus Harnoncourt. Enregistré 'live' au Musikverein de Vienne en juin 2004 - (RCA Red seal BMG) ing.du son: Michael Brammann

2°) La méthode, la notation:

La méthode de comparaison est subjective, fondée sur mon plaisir d'écoute, sur le caractère chantant, émotionnel, sur le chatoyement des timbres, la vivacité rythmique, la perception sans efforts des moindres détails, l'aération, l'habitation des silences, l'acoustique de salle, la "crédibilité", la transparence... Pour faire bref, j'ai donné une note sur 10 (note plus comparative que reflétant une valeur absolue et qui n'engage que moi) sur 20 critères musicaux pour un total théorique de 200 qui serait la perfection idéale.

La version SACD est lue sur le DVP5500S en position stéréo, les sorties branchées sur les seules voies avant droite et gauche. La version CD audio est extraite en numérique avec le logiciel audiograbber (freeware) du même SACD hybride, elle est vérifiée parfaite et gravée sur un CDR Verbatim en vitesse réduite à 12x, copie elle aussi vérifiée parfaite. Tout ceci suppose que la source numérique est bien la même pour les 2 couches du SACD hybride: la couche SACD stéréo et la couche compatible CD audio. Le bord du CDR est ensuite bizeauté selon ma technique personnelle [cliquez ici]. Mon palet presseur [cliquez ici] est utilisé pour lire le CDR sur mon lecteur CD 'perso' audiophile. Pour éviter toute perte due à un éventuel commutateur, les câbles des 2 sources audio sont branchés directement tour à tour sur l'ampli Mosfet pour faire les comparaisons. Il ne s'agit donc pas d'une comparaison instantanée mais à quelques secondes d'écart, ce qui n'est pas plus mal car la mémoire auditive joue ainsi son rôle de "sélecteur" de l'essentiel.
Mon Ionostat [cliquez ici] est branché à 1m50 du lieu d'écoute au casque.

A noter que l'écoute de CD audio classique sur le DVP5500S (convertisseur N/A 24 bits 192 kHz) ne m'a pas laissé un souvenir inoubliable, mais je n'ai pas non plus fait la comparaison avec mon vieux Philips CD723 (bidouillé lui aussi) ce qui serait une comparaison plus raisonnable qu'avec mon lecteur audiophile. A sa décharge il faut penser que je suis bien sûr très (trop ?) exigeant!

3°) Les résultats d'écoute:

Aspect musical analysé	Note sur 10 CDaudio-SACD		Commentaires
Détail des notes > cliquez ici
Total Note moyenne	158 7,9	162 8.1	Les deux s'avèrent excellents. C'est peut-être plus une affaire de choix d'esthétique sonore et de goûts musicaux personnels: - le confort somptueux du SACD, sans duretés, avec une écoute un peu nimbée. - ou celui d'une écoute plus chirurgicale, plus mate mais parfois plus agressive du CD audio.

4°) Conclusion:
Tout d'abord, je précise qu'on est dans la même "famille sonore" au point que par moments je ne savais plus quel disque j'écoutais, le CD ou le SACD.
Le tableau ci-dessus est je pense éloquent ! Ainsi pour une somme très modique (149 euros à l'époque à Carrefour, encore moins cher désormais en ligne par exemple chez Grosbill et même à 107 euros en décembre 2005 à la FNAC) le DVP5500S délivre un son en SACD stéréo qui procure un plaisir musical au moins égal (et souvent supérieur) à celui obtenu avec le CD audio même quand il est lu avec un matériel de haut de gamme hors commerce et dans mon cas assez contraignant à mettre en oeuvre.

Le seul bémol est que bien trop peu de CDs classiques, de jazz, de musique folklorique ou de world sont actuellement édités en SACD... et que réussir une prise de son en SACD est peut-être encore plus délicat.
A l'inverse on peut se dire que notre bonne vieille CDthèque en CD audio, bien lue, peut encore donner presque autant de plaisir que le SACD... et au vu de la tendance actuelle des éditeurs vis à vis de la musique classique, conservons précieusement nos vieux CDs (et LP 33T), et ne comptons pas trop sur des rééditions en SACD!

L'amélioration de la reproduction sonore numérique par le système SACD stéréo est donc bien réelle.
(L'amélioration sera certainement encore supérieure avec un pur lecteur SACD de haut de gamme! - je me suis donc penché sur le problème, cliquez ici ) Mais tout un chacun peut désormais profiter d'une haute qualité musicale sans recourir à du matériel audiophile ésotérique. Bien entendu le DVP5500S lit tous les autres formats, vidéos et audio.
On ne peut, en tant que mélomane, qu'encourager les éditeurs à sortir plus de SACD hybrides! (l'avenir hélas ne confirmera pas la chose et le SACD ne s'imposera pas! [NDLR] )

Bizarre... vous avez dit bizarre...

Sur un autre enregistrement en SACD hybride, la Messe en UT mineur de Mozart par le Collegium Vocal La Chapelle Royale + Orch. des Champs Elysées, dir. Philippe Herreweghe, j'ai été surpris de la dureté du son CD audio par rapport à la douceur du son SACD. Le CCDA était carrément désagréable, même lu sur mon lecteur CD "audiophile"! Au point de me demander si les deux versions stéréo du disque hybride avaient bien la même source! J'ai donc fait la petite expérience suivante. J'ai enregistré depuis la sortie analogique des voies avant D et G du DVP5500S le son lu en format SACD stéréo. L'enregistrement a été fait en 16bits 44,1kHz sur un PC, puis gravé en tant que CD audio. Par sécurité le niveau d'enregistrement a été réglé afin que les crêtes atteignent au maximum -2dB.

Curieux du résultat, j'organise donc un Match inédit:

SACD>"Analogique>CD audio" contre
"CD audio de la piste hybride"

J'ai comparé en écoute au casque les deux CD audio, celui-ci issu du son analogique et celui issu directement de la couche CD audio du SACD hybride.
Conclusion: La copie "Analogique>CD audio" est très supérieure en termes de plaisir musical et de douceur à la version CD audio issue de l'extraction numérique de la couche hybride du disque d'origine.

Tromperie volontaire, travail bâclé de la couche hybride, extraction numérique dégradée ou encore émergence d'un cas technique particulier jusqu'ici ignoré? Je ne sais pas. Toujours est-il que le CD audio issu de la copie analogique depuis la version SACD a perdu 90% de ses duretés par rapport à la couche hybride CD audio du disque.
Sur la plage 6, par exemple, le "Domine Deus", on retrouve le côté humain, chantant, correctement timbré, incarné, des voix des chanteuses sur le CD audio issu de la copie analogique SACD et non plus un son suraigu et criard. Même le placement des chanteuses est meilleur au sein d'une scène sonore plus aérée et profonde... et les choeurs n'en parlons pas!

La piste hybride serait-elle volontairement de piètre qualité ici pour mettre encore plus en valeur le "son SACD" ou bien est-ce un avatar technique fortuit sur ce seul disque SACD? Peut-être le câble de liaison de 4m utilisé pour enregistrer joue-t-il ici un rôle de filtre sur les aigus? ou bien la carte Soundblaster Livevalue du PC mise en oeuvre pour numériser en 16 bits. Je me pose vraiment la question.

Dernière minute! Match CD contre SACD... on joue les prolongations, tout n'est pas dit, rebondissement du bon vieux CD [suite...] Un PC portable pas cher et une carte son à moins de 100 euros peuvent-ils battre à plate couture n'importe quel lecteur CD ou SACD de salon, même les plus onéreux? Pas si étonnant que ça! La réponse tient dans le traitement numérique de la source. Une source musicale dématérialisée et retraitée dans le premier cas, un support disque traditionnel CD ou SACD dans le second. Le système de fichier audio se nomme le SARD, le système de stockage et de lecture s'appelle le Ramtek5